jeudi 1 septembre 2016

La vulnérabilité est une force indomptable

Avant le départ

En réalité, je vous ressemble : il n'est peut-être pas impératif de partir très loin pour éveiller notre esprit ou aiguiser notre imagination.
Bien sûr, dans mon cas, l'un et l'autre exigent un coup de fouet.
Dans cette quête, il n'y a pas de ménagements.
Souvenez-vous, en 2014 je vous expliquais qu'être seul sur des chemins lointains me révélait à moi-même ma vulnérabilité : être alors sur le qui-vive à chaque instant exacerbait les sens et multipliait les sensations. Le jour, j'ouvrais un œil dont l'acuité valait celle du léopard des neiges, qui est un autre lynx, la nuit le moindre frou-frou était une sirène.
La vulnérabilité est une force.

Je pars à nouveau sur les sentiers des montagnes méconnues où chaque crépuscule assiste à la quête laborieuse du carré d'herbe tendre, horizontal si possible, abrité des regards et des vents, y craquer l'allumette, y planter ma tente pour la nuit, m'y écrouler.
Des sentiers comme celui-là, il y en a à notre porte, je n'irai pas cette année jusqu'en Asie Centrale, même si, pour moi et vous, c'est un peu dommage et partie remise.
Kanoun oblige : je frapperai deux fois plutôt qu'une à leur porte
Je pars là où les us et coutumes ancestraux ont des rigueurs et des intransigeances. Pour des crimes et pour des peccadilles, on y "reprend le sang", ce qui signifie sans détours qu'on y manie lame et arme à feu pour laver l'honneur. L'honneur est une notion plutôt subjective et par là-même assez vague, variable de longitude en longitude. Pour y remédier, les albanais du Moyen-Âge l'ont codifié de si stricte manière qu'il n'y a pas d’échappatoire. Ce code s'appelle le "kanoun". Il sévit en Albanie, vous l'avez compris. Impérativement l'honneur s'y lessive par le sang.

Bien sûr, vous supposez, quand vous êtes spectateurs, que le globe-trotteur qui prend son léger baluchon et son lourd bâton, "s'échappe".
Admettons que je m'échappe, sans trop savoir de quoi, je n'ai pas l'intention d'échapper au kanoun.

Vous pouvez cliquer sur les photos pour les agrandir.

En Albanie, de mœurs en mœurs, mon chemin va de ? en ?
En Albanie, avant même le départ, avec ou sans boussole, peut-on perdre le nord ?
En Albanie, comment s'y conduire quand les œuvres d'Edith Durham sont épuisées ?
Ce sont des énigmes.

2 commentaires:

  1. C'est un condensé d'histoires, d'Histoire, de géographie ...c'est mieux qu'un cours traditionnel ! avec en plus de superbes photos (Ura e Mesit est magnifique ainsi que la symbolique qui va avec).
    Brigitte

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  2. Bonjour Pierre et bon anniversaire !
    C'est une très intéressante introduction, la géographie et l'histoire de l'Albanie m'étaient inconnues. Le support de cartes complètent bien cette présentation.
    En attendant de lire le compte rendu personnel de ton périple, les anecdotes, les rencontres, les réflexions... bonne journée
    Marie Héléne

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