jeudi 1 septembre 2016

1- Le sens caché de l'immersion

Premier mail à Shkodër :
J’y suis !
Débrouillardise maximale.
Mangé du riz pilaf dans le premier boui-boui.

 
Deux minibus bondés, une route infernale.
J’aime pas trop la conduite du chauffeur, je suis juste derrière le changement de vitesse sans ceinture.
Quand il freine, je m’empale.

Nous quittons Tirana,
le panonceau est retourné pour afficher Shkoder.
Il s'avèrera impossible de m'expliquer
pourquoi les noms des villes se "déclinent" :
parfois "Tirane", parfois "Tirana",
parfois "Shkoder", parfois "Shkodra"...

J’ai gagné du raisin au bureau de change.
Je sais dire merci, même s’ils ne sont pas expansifs.
Je pianote dans un magasin, y'a pas de cybercafé dans cette ville, Shkoder.
Alors, dans la montagne ?
Sur la côte, je suis déjà fondu. 

Parce que j'ignore encore que je vais vivre un baptême répété jour après jour pendant ce périple, je choisis de le démarrer sur les rives du lac Vau i Dejës, l'un des lacs du plus long fleuve d'Albanie, le Drin.
Au cours de ses 335 km, le Drin traverse en effet trois lacs artificiels créés par les barrages de Fierza, Koman et Vau i Dejës. 



Mon premier baptême est ainsi un bain aux côtés d'une famille albanaise exilée en Italie qui passe ses vacances à Rragam, son village d'origine. Par définition, et par défi, tout lac mérite mon immersion. Celui-ci, tout tiède qu'il soit, me rince de la poussière, des sueurs, et des inquiétudes du premier jour...




Mon second baptême tombe des cieux, lors de l'ascension laborieuse, hors de tout sentier, sur le petit piton, trop haut pour mes premiers pas (199 m.), trop enchevêtré d'obstacles. Je domine le lac et m'offre une vue très "maritime", sous la brutale tempête qui lève l'écume et m'inonde d'emblée. Avec optimisme, je vois dans les éclairs et le tonnerre une initiation un peu conventionnelle...


 Tempête sur le lac Vau i Dejës


Cette photo est là uniquement pour que vous soyez
témoins de la pluie, mon baptême.

Je m'essouffle et je tombe dans les ronces, mais, descendu sur la rive, un premier petit foyer vite allumé m'ouvre l'appétit et je monte la tente quand les pêcheurs sortent récupérer leurs filets.


 Le bois est humide, les flammes inapparentes,
mais l'eau va bouillir malgré tout,
dans cette casserole flambant-neuve.


   Première journée : Paris, Tirana, Shkoder,
et déjà 5 km de randonnée !

1 commentaire:

  1. Rien que ces quelques textes, et c'est déjà palpitant.
    J'attends la suite avec impatience.
    Belles photos pour agrémenter.

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