mercredi 14 septembre 2016

14- Chez les jésuites !

J'ai un peu déambulé hier après-midi, au hasard, dans Shkodër, la seconde ville du pays, qui compte 140.000 habitants.



J'habite la rue des jésuites, ce qui est une sorte de malédiction pour moi compte tenu de ma vindicte immémoriale contre eux, du moins ceux qui suivent le rite orthodoxe. Tous les jours, je vais passer devant le gjimnazi jezuitëve dont vous apercevez le mur rouge, et devant le centre de Philosophie et Théologie attenant, en jaune. Ils se révèleront tout à fait inoffensifs à mon égard. J'en déduis que ces jésuites-là suivent certainement le rite catholique romain, mais, prudent, je ne pose pas de question et je rase les murs.




Le centre est très attrayant avec quelques beaux immeubles, et deux rue piétonnes dallées de marbre, où s'agglutinent les cafés et les consommateurs, qui sirotent leurs petites tasses pendant des heures. Les cafetiers se plaignent des faibles gains sur leurs tables accaparées au long cours, quand les taxes fiscales les étranglent.



La mosquée de l'école coranique

L'école coranique ne le cède en rien aux bâtiments des jésuites.

Aujourd'hui, je pars à la découverte de la mosquée des plombs
et de la citadelle de Rozafa,
qui sont les deux fleurons architecturaux de Shkodër.

La citadelle de Rozafa,
située au confluent de la Bojana et du Drin,
offre un panorama unique sur les environs.

Shkodër et le lac Skadar au loin


La Bojana est le déversoir du lac Skadar. Au-delà de la passerelle pour piétons, sur laquelle se regroupent les pêcheurs à la ligne, se situe le quartier des lavandières tsiganes, qui lessivent les tapis au pied d'un minaret élancé.

La Bojana se nomme Buna en Albanie

Le pont routier sur le Drin,
doublé par le pont ferroviaire,
mène à Tirana.

Le Drin

Xhamia e plumbit, la mosquée des plombs avant la foudre.
La photo est exposée dans la cour de la mosquée.


La mosquée des plombs, achevée en 1774, sur les plans du célèbre architecte Sinan, doit son nom à ses dix-huit coupoles et à son dôme couverts de plomb. Elle est considérée comme l'une des 50 plus belles mosquées au monde. Grâce à sa valeur architecturale, elle est l'une des treize mosquées épargnées lors de la "campagne pour l’athéisme", qui a entraîné la destruction d'environ 1600 monastères, églises et mosquées. En 1990, la mosquée des plombs a été rendue au culte en présence d'une foule considérable.






La base du minaret, foudroyé en 1967

 La porte ornée de motifs végétaux.
Son judas est un aimant pour le regard.


Les arcades de la cour reposent sur des chapiteaux et des colonnes de calcaire blanc. Au moment où je prends cette photo à travers le judas de la porte, arrive l'imam qui m'invite à entrer avec un grand sourire. Il est accompagné du muezzin qui va psalmodier l'appel à la prière dans un micro. Pour moi, c'est une révélation ! Non pas une révélation mystique, une révélation bien prosaïque : j'étais persuadé jusque-là, malgré mes voyages en terre d'Islam, que les appels à la prière étaient enregistrés. Le fait d'être diffusés par haut-parleur impliquait probablement dans mon esprit une déshumanisation. Je me réjouis de rencontrer un muezzin en chair et en os ! Nous allons avoir tous les trois une conversation "culturelle" malgré la pauvreté de notre vocabulaire commun.





La mosquée a souffert d'inondations dues aux errements post-sismiques du Drin. L'imam me montre la hauteur atteinte par l'eau, bien au-dessus de ma tête. Il s'étonne, au moment de me donner une leçon coranique, que je puisse déchiffrer les cartouches portant les noms d'Allah et Mohammed, et insiste sur le sens de la lecture de droite à gauche. Il ne veut pas être photographié, ce qui me désole car il a un visage avenant, presque imberbe, aux yeux bleus : malgré son petit calot blanc, il ne suit pas les canons esthétiques du clergé islamique tels qu'ils sont stéréotypés dans l'imaginaire occidental.

Photo d'archives (2012)


Je réserve les visites de la Grande mosquée et des cathédrales orthodoxes et catholiques pour une autre journée.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire