jeudi 15 septembre 2016

15- Aucun rôle ne me va



Ici, il y a une communauté au teint sombre, à l'allure tsigane, qui vit aux abords de la ville sous les beaux immeubles tout neufs, dans des masures de tôles, qui n'est pas affublée de tee-shirts cachemiris, qui n'exhibe pas la coupe de cheveux aux tempes tondues très en vogue pourtant, qui transbahute parfois des pièces d'électroménager, parfois de volumineux sacs de branchages de mimosa très odorants.
PS : les gens qui empaquettent le mimosa sont aussi balayeurs et balayeuses, éboueurs et lavandières.

Le bidonville sous les beaux immeubles.

Au delà de la passerelle qui enjambe la Bojana,
le quartier tsigane est regroupé derrière la mosquée.


Les lavandières, qui battent et essorent les tapis,
les font sécher sur la rambarde de la passerelle,
sous la citadelle de Rozafa.


J'ai maintenant un doute sur la nature des branchages odorants
récoltés sur la rive sud du lac Skadar :
est-ce vraiment du mimosa ?




Deux des trois espèces d'esturgeons ont disparu du lac

Les carpes du lac Skadar sont très réputées



La récolte des algues.

La mosquée de Zogaj,
dernier village avant la frontière avec le Monténégro.

Ces ilots sont monténégrins,
mais la frontière est dans la broussaille,
et je n'ai trouvé ni borne ni bunker.

Aujourd’hui, je suis réconcilié avec le pays et avec moi-même : j’ai marché toute la journée au soleil, à plat et sans sac ! J’ai rejoint la frontière : c’est toujours comme ça, leur ineptie me fascine. Je ne l’ai pas trouvée dans le maquis où s’ébrouent les chèvres, c’est la preuve qu’elle est virtuelle, à mettre au rancard.
Alors j’ai nagé vers le large : Les lacs aussi me fascinent, il me faut y goûter.
Et sur le lac Skaddar, on peut, sans rire, parler du large. Bref, le gars qui se dorait sur une plage de petits galets m’a photographié au sortir de l’eau, vous aurez la photo si je parais un peu gros, promis.
Oui, je suis à l’engraissement avant que Sylvie n’arrive. Il faut qu’elle me reconnaisse à l’aéroport, parmi les gars tous moulés dans leurs tee-shirts à ramages contrastés, même les freluquets. Je joue sur un autre registre, freluquet oui, mais avec la lueur d’un long passé dans l’œil, ça change tout.



C'est celui-là, dont vous voyez les pieds, qui m'a photographié. Il était là avant moi, si bien que, par civilité, je lui ai demandé si les usages et le savoir-vivre autorisaient la natation dans le lac. C'était oui, bien qu'aucun nageur autre que moi ne s'y soit aventuré en ma présence. L'eau était un peu tiède et pas vraiment stimulante, mais nager m'a décontracté le dos et réjoui.


La photo comme promis...
Un peu maigrichon pour la pub Dim ?

En fait, si on me regarde dans la rue, c’est que j’ai pris le look guérillero !
C’était bien une de mes vocations refrénées...
J’ai la barbe, la casquette de Fidel, la chemise et le pantalon pleins de poches, et surtout les lunettes ! Les lunettes, ce sont les petits verres ovales dans une fine monture métallique, et qu’est-ce que ça vous évoque ? ... … 
Quelle déception, cela ne vous évoque rien. ... …
Le bolchevik ! Celui qui conduit le train à travers la taïga, dans la neige, et les escarbilles !
Le bolchevik du "Docteur Jivago" de David Lean, avec Omar Shariff et Julie Christie !!! 
Bon, moi, ici, avec le soleil revenu et la chaleur qui colle, je ne joue pas dans la taïga, et les trains albanais sont au repos léthargique. Alors ? Alors ?
Ben, je pense à Quentin et quand on me demande "Where do you come from ?" : from Carthagène, Colombia ! Il n’en faut pas beaucoup pour faire de l’effet, ils en tombent sur le cul, ils n’ont jamais vu de colombiens. Pour un peu je suis un leader des FARC.
Qui va dire que je me la joue ?
... Heureusement, ils ne sont pas du tout hispanophones, ils sont italophones en grande majorité.
Vous y auriez cru ?  
PS : je n'ai pas bu de raki depuis deux jours, précision honnête et utile.


Sur cet engin révolutionnaire, vous devinez un peu de propagande. Je joue les prolétaires. Bien que je sois à l'arrêt (la grille le prouve, c'est une mise en scène), il a fallu trois photographes et six essais pour obtenir ce cliché. Les photographes jouaient-ils l'ironie ? On déboulonne bien les statues...


Allez, pour ces exhibitions répétées, 
je vais faire acte de contrition dans l'église de Shiroka !

Je finis la journée à la Photothèque Nationale Marubi, où je découvre une extraordinaire collection de portraits réalisés par Pjetër Marubi (1834-1903) et son successeur Kel Kodheli Marubi, pionniers de l'art photographique. L'exposition en cours est consacrée prioritairement aux femmes albanaises de toutes conditions, y compris les pasionarias de l'indépendance. Le choix de ces photos a dû se faire parmi 150.000 clichés ! Le portrait connu d'Edith Durham est l'un de ces clichés.

Un couple de combattants


Edith Durham (1863-1944), anglaise, pionnière de l'anthropologie, a consacré sa vie, sur place, à l'étude des coutumes régissant la vie dans les Alpes albanaises. Ses études font autorité. Elle est toujours révérée à Shkoder où une avenue porte son nom.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire